Le capitaine Julian, que nous avions rencontré chez le général Leclerc, mit à notre disposition des chevaux de l’armée et s’offrit à nous accompagner hors les murs. Je n’avais jusqu’à présent connu de chevauchées que celles du manège, fastidieux défilé des élèves sous les regards critiques du maître qui rectifiait les positions ; mornes tours et retours, une heure durant, dans une morne salle close. Le petit alezan arabe que je montais était peut-être un peu trop fougueux à mon gré, mais quand j’eus pris le parti de laisser pousser sa pointe et galoper tout son soûl, je ne mesurai plus ma joie. Bientôt, je me vis seul, ayant perdu mes compagnons, ma route, et fort peu soucieux de retrouver avant la nuit ni l’un ni l’autre. Le soleil couchant inondait d’or et de pourpre l’immense plaine qui s’étend entre Tunis et la montagne de Zaghouan et que jalonnent de loin en loin quelques arches énormes de l’antique aqueduc en ruine ; et je l’imaginais celui-là même qui portait à Carthage les eaux limpides du nymphée. Un étang d’eaux saumâtres semblait un lac de sang ; je suivis des bords désolés d’où quelques flamants s’envolèrent.
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Si le grain de meurt – André Gide (page 291)
J’ai lu un livre de cet auteur il y a bien longtemps. « La symphonie pastorale », c’est possible?
Je ne m’en souviens plus du tout.
Pas lu non plus 🙂
J’aime bien ce titre « symphonie pastorale « …
Jamais lu non plus !
Tant de livres!!!
Cette semaine j’ai trouvé dans la boîte à livre de mon village « ma cousine Rachel » repéré sur ton blog 🙂
Punaise, sympata boite à livres !
Je l’ai lu il y a si longtemps que je ne m’en souviens plus du tout. Il en est de même pour d’autres œuvres de Gide d’ailleurs… 😦
Par chance j’ai chargé un bon paquet de classiques sur ma liseuse et il y a du Gide là-dedans. 😉
Vivent les liseuses 🙂
En même temps je n’arrive pas à lire sur écran …