Dans un peu plus de cinq jours, elle retrouvera sa vie à Saint-Pétersbourg ; ce sera une réception pour notre retour, puis elle tentera de retenir Père aussi longtemps que possible en ville avec nous. Lui ne rêve que de passer le printemps et l’été à la campagne, dans notre propriété de Navorotchok, « les Alouettes », comme disent les Français en avançant les lèvres en cul-de-poule.
Cinq jours, enfermés dans ces compartiments et ces salons roulants, cinq journées interminables et fades, jalonnées par ces noms de villes qui s’affichent le long des voies ferrées, où nous ne nous arrêterons jamais, condamnés à demeurer des syllabes entrevues et dénuées de sens. Nos principales étapes seront, comme toujours, Dijon, Paris, Berlin, Varsovie et Moscou, avec ces sempiternels changements de locomotive. Cinq jours avant de revenir à la vie. Retrouver Younka, ma jument, partir avec elle en longues chevauchées, ou accompagner Père à la chasse et me réjouir de l’arrivée du printemps sur nos terres, de la vie qui finit par triompher de la glace et du froid. Et bien sûr, il y a une autre raison qui fait battre mon coeur.
La règle du jeu est ici