Le parc était fermé pour la nuit, mais Thor sauta sans aucun mal par-dessus les pics de la grille, puis il souleva Kate à son tour aussi facilement que si elle avait été un peu bouquet de fleurs.
L’herbe était froide et détrempée, mais sa magie s’exerçait toujours sur des pieds citadins. Kate fit ce qu’elle faisait toujours quand elle entrait dans le parc : elle se pencha et posa un moment les mains à plat sur le sol. Elle n’avait jamais très bien compris pourquoi elle faisait cela et souvent elle resserrait un lacet ou ramassait un bout de papier pour justifier son geste, mais tout ce qu’elle voulait en fait, c’était sentir sous ses paumes l’herbe et la terre humides.
Le parc, vu sous cet angle, n’était qu’une épaule sombre qui se dressait devant eux. Ils gravirent la pente et s’arrêtèrent en haut, contemplant les ténèbres qui enveloppaient le reste du parc jusqu’à l’endroit où elles se dissipaient dans la lumière du centre de Londres, du côté du sud. Des tours et des blocs d’immeubles dressaient à l’horizon leurs vilaines silhouettes, dominant le parc, le ciel et la ville.
Un vent humide et froid soufflait par rafales, comme si un cheval sombre et de mauvaise humeur agitait la queue. En fait, le ciel nocturne évoquait un cortège de chevaux nerveux et irritables, dont les harnais claquaient et s’agitaient au vent. Kate avait aussi l’impression que toutes ces brides et ces courroies rayonnaient d’un centre unique, tout près d’elle. Elle se reprocha ces idées absurdes, mais il lui semblait quand même toujours que le temps était comme groupé autour d’eux, à attendre des instructions. (Page 272)
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