Les neuf visages du coeur – Anita Nair

neuf visages

Chris arrive en Inde où il est accueilli par Shyam, Radha et Koman.
Les narrateurs tout au long de ce roman seront les trois derniers. La voix de Chris est inaudible et pourtant il est important dans l’intrigue.
Radha a une trentaine d’années et est mariée depuis 8 ans à Shyam. Le lecteur sent tout de suite que son mariage avec Shyam ne la rend pas heureuse. Elle méprise son mari, trop matérialiste à ses yeux.
Shyam, le mari, est le propriétaire de l’hôtel où Chris a choisi de rester pendant deux mois, le temps de rédiger un livre sur le troisième personnage Koman.
Koman est sexagénaire et est célèbre en Inde dans le domaine du Kathakali : une danse traditionnelle très appréciée en Inde mais peu connue en Occident.
Ce roman alterne entre le présent et le passé de Koman en commençant en 1937 avant la naissance de Koman puis sa naissance, son enfance et ses débuts dans le Kathakali.

Il y a donc alternance de 3 points de vue et de plusieurs époques : Shyam, jaloux de Chris, sent que Radha lui échappe, Radha tombe amoureuse de Chris et Koman observe le trio et se remémore son enfance.
L’alternance passé présent est réguliere et je dois dire que la partie « passé » m’a totalement captivée alors que la partie « moderne » est moins intéressante (plus attendue sur l’usure d’un couple et l’adultère )
Comme Chris n’est pas un des narrateurs on se demande ce qu’il pense de tout cela.

Une lecture en demi teinte donc : passionnante par moment  – la rencontre de Sethu, le père (hindou) de Koman avec Saadya  (musulmane) est magnifique – et assez convenue par d’autres. Rien que pour la découverte du Kathakali, danse exclusivement masculine, ce livre vaut le déplacement.

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source Photo

Un extrait (Koman est le « je »)

Il baisse le regard puis le relève pour croiser le mien.
« Je ne sais pas encore comment je vais utiliser les informations que je vais réunir. Mais je sais que pour comprendre l’artiste, j’ai besoin de mieux connaître l’homme…Je connais tellement d’artistes, qu’ils soient écrivains, peintres, musiciens, danseurs, qui parlent de leur art comme s’il agissait d’un être vivant. Un être qui les accapare à l’exclusion de tout le reste.
– Oui, dis-je. L’art peut être une maîtresse jalouse »
Chris tapote son crayon sur la table d’un geste impatient. « Je crois que je ne pourrais comprendre ce que l’art représente pour vous qu’en mesurant la place qu’il a tenu dans votre vie. Vos rêves, vos espoirs, vos compromis, vos sacrifices. Tout ce que l’art a exigé de vous. »
Radha retient son souffle. Elle sait à quel point je rechigne à parler de moi. « Je ne sais pas si Oncle sera…. » dit-elle en se précipitant à mon secours comme elle l’a toujours fait.
Je lui souris, un sourire qui lui dit de ne pas s’inquiéter. L’honnêteté de la réponse de Chris me plaît. L’homme et l’artiste. Je n’ai jamais pensé à cette dualité. Existe-t-elle ?
« Avant de commencer, il faut que vous sachiez que le Kathakali a une particularité. Il exige du danseur, le veshakaaran, qu’il soit aussi un interprète, qu’il dépasse le ….comment dites-vous déjà, le livret du poète ….Dans mon histoire, ce que je prends pour la réalité est peut-être imaginaire et vice-versa. Vous comprenez ? Car il faut non seulement que je réinvente et que je rejoue ma vie, mais aussi la vie de tout ceux qui, à un moment ou un autre, y ont tenu un rôle. Je me tromperai peut-être dans les faits, des détails risquent de faire défaut, mais je ne vous cacherai rien. De cela, vous pouvez en être sûr. Et à la fin, vous pourrez me dire si l’homme et l’artiste ne font qu’un ou pas. Vous pourrez me dire qui l’emporte, l’homme ou sa maîtresse. »

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Lecture commune autour de l’Inde avec Lire le monde – Challenge chez Sandrine

10 réflexions au sujet de « Les neuf visages du coeur – Anita Nair »

  1. Quand on voyage ainsi en littérature, on découvre forcément beaucoup (d’autant plus si on n’est pas soi-même voyageur). Le livre d’Anita Nair que j’ai choisi traite, entre autres, des transsexuels indiens : tout un monde…

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