La terre était noire, lourde, grasse. Des hectares entiers séchaient au vent, fertiles et épais, que personne ne cultivait. Octavio y lisait là l’oiseau à la trace de ses pattes, la souris à ses débris, la mule à l’empreinte du sabot. Il voyait le sillon d’herbes que laissait le cheval dans sa marche du pré à l’écurie. Plus loin, entre les pins, des fougères étaient couchées par des couples pendant l’amour, des prénoms gravés sur l’écorce des hêtres et des arbres à pluie, aux coupes vastes et étranges, peignaient leurs ombres sur les pâturages. Effacés par le vent, des dessins sur le sable faisaient comme un retour aux premiers gestes, à l’encoche taillée, à la corde nouée. Un retour à un monde où l’on désignait les choses en les pointant du doigt et où l’on comptait les heures au déplacement de la lumière.
;
Miguel Bonnefoy -Le voyage d’octavio
un beau texte
Contente qu’il te plaise Flipperine 🙂
Et quand je lis ce texte, je mesure l’immense éloignement de ma vie citadine d’aujourd’hui à celle de la campagne d’antan. Presque comme un choc, c’est dire…
Octavio est analphabète et lit ainsi ce qui l’entoure …
Vivre à la campagne … Je ne sais pas si je pourrais à nouveau ….
Bises Jo
Ping : Le voyage d’Octavio – Miguel Bonnefoy | 22h05 rue des Dames