
Dès le premier chapitre le malaise est présent et va grandissant : Un homme regarde des ados à la jumelle. Une brune et une blonde jouent au volley en bikini sur la plage. Plus tard, on apprend que cet homme est le père de la blonde, Francesca.
Et cela devient alors franchement glauque (mais formidablement bien écrit) ce père qui refuse de voir sa fille grandir, ce père qui n’a de père que le nom…..
Les filles sont complices et font plaisir à voir, innocentes et perverses à la fois. Une des deux mères est comme effacée (battue), l’autre militante et amoureuse d’un voyou.
Entre Anna et Franscesca, 14 ans, c’est leur dernier été insouciant et en symbiose (si on peut dire), presque jumelles jusqu’au jour où Anna rencontre Mattéa plus âgé.
En parallèle de l’amitié délurée des deux filles, on suit aussi la vie d’Alessio, le frère d’Anna. A 23 ans, il a déjà travaillé 7 ans dans l’aciérie voisine, il complète son maigre revenu en trempant dans des histoires louches de drogue et de petits larcins.
Au début, j’ai cru que ce livre se déroulait en Italie dans les années 60 : le côté terriblement dur du travail, la misère, l’inertie des services sociaux et d’un médecin indifférent aux bleus qui recouvrent une adolescente … Et bien non l’action se passe au début des années 2000 et cela fait un peu peur… Des adolescentes borderline et attachantes, des jeunes adultes abrutis de travail et de drogues, des adultes maltraitants, dépassés ou indifférents…. C’est l’Italie des années 2000 ? On doit aussi trouver cela en France dans certains quartiers….
L’écriture est un vrai coup de poing d’une jeune italienne (25 ans à la sortie de ce livre) qui a remporté le prix prix Campiello Opera Prima.
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Un extrait :
Ca veut dire quoi, grandir dans un ensemble de quatre barres d’immeubles d’où tombent des morceaux de balcon et d’amiante, dans une cour où les enfants jouent à côté des jeunes qui dealent et des vieilles qui puent? Quel genre d’idée tu te fais de la vie, dans un endroit où il est normal de na pas partir en vacances, de ne pas aller au cinéma, de ne rien savoir du monde, de ne pas feuilleter les journaux, de ne pas lire de livre, où la question ne se pose même pas ?
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L’avis de Jean Charles
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