Sur les ossements des morts – Olga Tokarczuk

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Janina, retraitée, est la narratrice. Elle vit dans un coin reculé de la Pologne, frontalier avec la Tchéquie. Elle donne aussi quelques cours d’anglais à des enfants et est gardienne de maisons pendant le rigoureux hiver de cette contrée. Tous les jours, elle fait donc la tournée des résidences secondaires dont elle a la charge. Le lecteur va emboîter le pas de Janina et suivre toutes ses pensées. (Enfin presque)
Je dois dire que la façon de raisonner de Janina est à la fois charmante, désuète, loufoque et givrée. Elle est parfois sensée et parfois en parfait décalage avec la réalité. Elle est férue d’astrologie et étudie beaucoup les planètes.
Elle découvrira le cadavre de son voisin Grandpied, ainsi que plusieurs autres….
La police semble impuissante à arrêter quiconque, que ce soit des meurtriers ou des braconniers. Dans cette campagne, le gibier pullule et les braconniers encore plus.

Janina, Don Quichotte des temps modernes, essaie de défendre les animaux, et se met en marge « Elle préfère les animaux aux hommes » dira l’inspecteur chargé de l’enquête.
L’auteur réussit l’exploit de nous faire aimer cette Janina quand elle égrène ses convictions et de nous faire dire la page d’après qu’elle est totalement folle. (notamment quand Janina écrit à la police pour faire partager sa théorie sur les meurtres. Ses théories mèlent astrologie et meurtres commis par des animaux de façon tellement extravagante qu’on peut la croire bonne pour l’asile).
Elle « enquête » avec son ami Dysio, tout en traduisant des poèmes de Blake avec lui.
J’ai beaucoup aimé tous ces personnages auxquel Janina donne des surnoms très évocateurs : « père Frou-frou » pour le prêtre du village, Manteau Noir pour le policier chargé de l’enquête, la Cendrée pour une écrivaine à la retraite qui vient au village seulement l’été, Bonne Nouvelle pour la vendeuse de vêtements.

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En conclusion : moi qui ne suis pas du tout attirée par l’astrologie, j’ai trouvé ce livre rudement intéressant et convaincant. Le style est onirique et parfois surprenant en accord avec la couverture et la fin est très surprenante.

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Un extrait :

Je m’évertue à expliquer à mon Dysio réfractaire que l’astrologie est comparable à ce qu’est la sociobiologie aujourd’hui. Il semble alors un peu plus intéressé. Il n’y a pas de quoi s’offusquer de cette comparaison. Un astrologue croit à l’influence des corps célestes sur la personnalité d’un être humain et le sociobiologiste parle plutôt de l’émanation mystérieuse des corps moléculaires. Tout est question de grandeur, c’est là que réside la différence. L’un et l’autre ignorent en quoi consiste précisément cette influence et comment elle se transmet. Au fond ils parlent de la même chose mais se réfèrent à des échelles de grandeur différentes. Parfois, je n’en reviens pas de cette similitude. Le fait est que je voue une véritable admiration à l’astrologie alors que je n’ai aucune estime pour la sociobiologie.

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Challenge Lire sous la contrainte de Philippe où le thème est « la mort »

Challenge « un mois- une illustration » d’Angelselfie où la contrainte imagée était « paire de chaussure » . La « femme-biche » de la couverture a de jolies baskets bleues.

Challenge Tour du monde avec la Pologne.

Challenge Top 50 chez Claire d’un chat de bibliothèque dans la catégorie « Livre d’un auteur que vous n’avez jamais lu »

challenge-contraintechallenge top 50challenge autour du monde

24 réflexions au sujet de « Sur les ossements des morts – Olga Tokarczuk »

  1. Je suis contente que ce livre te plaise : je l’ai justement acheté hier à Quai du Polar sur le stand de mon libraire préféré ! Ta chronique tombe à pic pour moi et tu me fais découvrir plein de challenges plutôt tentant, et dire que j’ai déjà du mal à honorer ceux auxquels je suis inscrite :s

    • Un livre un peu inclassable : pas vraiment policier… Mais une vraie atmosphère… Et la poésie de William Blake en filigrane …(je ne connais pas du tout son œuvre …)
      Bon dimanche. Moglug 🙂 et bonnes lectures 🙂

  2. Si cette héroïne dégomme les chasseurs pour sauver les animaux, c’est ma soeur de coeur alors. Après l’astrologie c’est pas trop ma tasse de thé non plus et la démonstration dans l’extrait que tu as mis est pas trop convaincante pour moi…

    • Il y a un passage pas mal (dans le genre morbide ) sur la place des. « Maisons  » dans le ciel pour prédire la façon de mourir de quelqu’un … Mais le passage était un peu long …
      Bisessss Mind 🙂

  3. elles sont chouettes vos chroniques littéraires. Je n’arrête pas de prendre des notes, je me demande quand est-ce que je vais trouver le temps de lire ces bouquins, mais on ne sait jamais. Je viens d’en acheter 3 d’un coup, influencée par une critique d’Asphodèle, je vais les recevoir demain, je verrai plus tard pour celui-ci.

  4. Ha lala si Marie-Jo commence à acheter tous les livres avec lesquels nous la tentons, elle est cuite !!! 😆 Je suis sceptique avec ce livre, le côté givré ne me plaît pas forcément, l’astrologie, bof mais le côté « roman d’atmosphère » pourrait me plaire ! Bon, cela dit j’ai de quoi faire ! 😉

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