366 réels à prise rapide (les règles sont ici)
1. écrire sur le vif : OK
2. pas plus de 100 mots : 96 mots
3. éléments réels de la journée : OK
4. suivre la consigne de la date : OK
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Ainsi, Moussa mon frère était, dans nos imaginaires, mandaté pour accomplir différentes tâches : rendre une gifle reçue, venger une insulte, récupérer une terre spoliée, reprendre un salaire. Du coup, Moussa, dans la légende, avait un cheval, une épée et l’aura des revenants venus réparer l’injustice. Enfin, tu devines. Vivant, déjà, il avait sa réputation d’homme irascible et d’amateur de boxe sauvage. L’essentiel des récits de M’ma se concentrait pourtant dans la chronique du dernier jour de Moussa, premier jour de son immortalité en quelque sorte. M’ma savait détailler cette journée jusqu’à la rendre hallucinante et presque vivante. Elle me décrivait non pas un meurtre et une mort, mais une fantastique transformation, celle d’un simple jeune homme des quartiers pauvres d’Alger devenu héros invincible attendu comme un sauveur. Les versions changeaient. Parfois, Moussa avait quitté la maison un peu plus tôt, réveillé par un rêve prémonitoire ou une voix terrifiante qui avait prononcé son nom. D’autres fois, il avait répondu à l’appel d’amis, ouleh el-houmma, jeunes désoeuvrés, amateurs de jupons, de cigarettes et de balafres. Un sombre conciliabule avait suivi, qui s’était soldé par la mort de Moussa. Je ne sais plus. M’ma avait mille et un récits et la vérité m’importait peu à cet âge. Ce qui comptait surtout dans ces moments-là, c’était cette proximité presque sensuelle avec M’ma et une sourde réconciliation pour les heures de la nuit qui s’annonçaient. Au réveil, tout reprenait sa place, ma mère dans un monde, moi dans un autre.
Kamel Daoud – Meursault, contre-enquête
Le jeudi c’est citation : Une idée de Chiffonnette