NOUS PARTIRONS
Un beau jour, je partirai
Les pieds nus sous le manteau,
La tête pleine puis attirée
Par les nues sous les coteaux.
Je prierai la liberté
Au menu des escapades.
Terminant la puberté,
À la fin des galopades.
Le matin précieux de vie
Sonnera sa décadence
En buvant de l’eau de vie,
Profanant le ciel immense.
Un beau jour, nous partirons
Au coucher du ciel orange.
Révoltés comme des hurons
Dans un monde où naissent les anges.
Je marcherai sur la croûte
En traversant le noyau,
En caressant sur ma route
Les souvenirs d’Ohio.
Il nous faudra des années
Pour atteindre le doux soleil.
Constater sur un Manet
Le parfum de fleurs de miel.
Nous franchirons les cours d’eau
En suivant d’une rive à l’autre,
Les lumières de nos radeaux.
Fiers et frères comme des apôtres.
Couvrant le ciel de nos bruits,
Nous longerons les taillis
Au crépuscule où des buis
S’avèrent de nues assaillies.
Nous partirons, toi et moi
Aux endroits de pénombre
Où la lune veille au ciel
Dans son cœur et son ombre.
Et, nous partirons toujours
Pour quitter la route des pleurs…
(« Nous partirons » a obtenu le 1er prix de poésie « catégorie jeune » à Saint-Claude (Jura) en juin 1998.)