
Vendredi matin, j’ai poursuivi mon tour des petites rues en face du parc Montsouris. À nouveau un quart d’heure d’avance, j’ai le temps de flâner pour une fois, observer les scènes de rue chères à Soène. L’avenue Nansouty est noire de voitures mais les ruelles perpendiculaires sont vides.
La Rue Georges Braque, qui me tentait tant hier, se révèle décevante. Pourquoi faudrait-il qu’une rue où un peintre célèbre a passé quelque années de sa vie – il y a plus de 50 ans – soit hors du commun ? Je m’attendais à mieux, c’est toi. Je me prends à me traiter de « cruche « . C’est comme si je m’attendais à entendre une symphonie dans une maison où Mozart a habité.
Je me demande si je n’ai pas mis trop d’espoir dans le nom de cette rue et la déception est là, comme quand on a tellement entendu dire d’un livre qu’il est absolument génial et qu’une fois lu, on se dit » ah oui c’est tout ? comment certaines personnes ont elles pu avoir un coup de cœur ? «
Nulle aquarelle ou signe de vie du peintre dans cette ruelle courte, finissant en impasse. À un moment, une statuette surréaliste et rigolote attire mon regard : il s’agit d’un figurine M and M’s d’une trentaine de centimètres ( elle est collée sur un socle et me fait rire : un artiste inconnu qui veut nous faire prendre conscience que l’art peut se cacher dans les objets du quotidien ? , je ne la prends pas en photo du fait de l’inscription raciste dessus : vandalisme ou œuvre de l’artiste ? – je me remets de ma sidération et poursuis ma route.
Je quitte cette ruelle sans regrets. J’observe l’envol de quelques pigeons dans le parc et m’engouffre dans la rue suivante, plus parce qu’il me reste 10 mn que par ténacité, et là, la surprise est au rendez vous.
Rue du Square Montsouris. Un panneau à l’entrée annonce « voie privée ». Malgré cet avertissement, je poursuis.
Sans être sinueuse, la ruelle est longue (200 mètres à vue de nez ) bien que l’on ne voit pas le bout. Comme elle est courbe vers la droite, elle ne semble pas se finir en impasse et doit rejoindre l’avenue Reille toute proche.
Les pavés sont toujours là et la pluie qui est tombée cette nuit les fait scintiller.
Aucun immeuble dans cette rue mais des maisons de villes toutes différentes : des maisons recouvertes de chaux blanche, une bleue, une ocre, une art déco avec des vagues sur sa façade, des maisons en couleur et d’autres recouvertes d’un lierre étrange , marron et sec comme du bois mort.
J’arpente la rue à grands pas. Il ne me reste que peu de temps.
Le lierre marron présent sur plusieurs maisons m’intrigue et je me demande s’il devient vert au printemps. Certaines maisons moins ravalées semblent plier sous ce fardeau de brindilles et sont comme bancales. Je me promets de revenir en avril lors de prochaines formations.
J’arrive au bout de la rue et me rend compte qu’on entendait peu le bruit des voitures. cette rue est comme une parenthèse entre le flots des voitures de la rue Nansouty et celle de l’avenue Reille. La sirène d’un camion de pompier déchire le silence de cette matinée tranquille et réveille une vieille douleur dans mon oreille gauche (vade rétro otite). 9h10, je n’ai croisé personne dans cette rue.
L’Estaque vu par Braque
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Je n’ai pas mis « résilience »