Traduit de l’anglais par Jean-Pierre Aoustin
Incipit
Je me souviens, sans ordre particulier :
– d’une face interne de poignet luisante ;
– d’un nuage de vapeur montant d’un évier humide où l’on a jeté en riant une poêle brûlante ;
– de gouttes de sperme tournoyant dans l’eau autour d’un trou de lavabo, avant d’être entraînées tout le long de la canalisation d’une haute maison ;
– d’un fleuve semblant soudain se ruer absurdement vers l’amont, sa vague et ses remous éclairés par une demi-douzaine de faisceaux de torches lancés à sa poursuite ;
– d’un autre fleuve, large et gris, le sens de son courant occulté par une forte brise agitant la surface ;
– d’une eau depuis longtemps refroidie dans une baignoire derrière une porte verrouillée.
Ce dernier souvenir n’est pas quelque chose que j’ai réellement vu, mais ce qui reste finalement en mémoire n’est pas toujours ce dont on a été témoin.
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Cet incipit m’a beaucoup plu et je l’ai relu après avoir refermé le livre, et j’ai eu l’impression que « la boucle était bouclée », et surtout magnifiquement bouclée. Cet incipit annonce ou récapitule très bien la vie de Tony le narrateur (vie à la fois un peu étrange et très banale).
Dans la première partie, Tony nous parle de ses jeunes années, de ses trois amis de lycée, de ses premiers amours (surtout de la mystérieuse Véronica, allumeuse, manipulatrice et instable Véronica) et du non moins mystérieux Adrian.
Adrian se suicidera à la fin de brillantes études universitaires, alors qu’il était en couple avec la fameuse et mystérieuse Véronica. Tony savait que son ami et son ex-petite amie étaient « ensemble » , il leur avait écrit une lettre (qui n’est pas dévoilée dans la première partie mais que l’on peut lire dans la totalité dans la seconde partie du roman).
La seconde partie commence 40 ans après ce suicide. A la retraite, Tony reçoit un leg du testament de la mère de son ex-petite-amie. Le testament est étrange et fait mention d’un journal qu’Adrian aurait tenu avant son suicide. Tony s’interroge sur ce journal que Véronica ne veut pas lui donner ; il s’interroge aussi sur ses souvenirs : sont-ils le reflet fidèle du passé ou est-il de toute façon illusoire d’avoir une vision objective du présent et encore moins du passé ? L’écriture est sobre et pleine de questionnements : il nous explique sa relation manquée avec Véronica dans des années soixante soi-disant « libérées », son mariage, son divorce, ses relations avec sa fille…..
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Tout au long du roman des interrogations surgissent sur notre façon de nous souvenir et le fonctionnement de notre mémoire : « L’histoire est cette conviction issue du point où les imperfections de la mémoire croisent l’insuffisance de la documentation ». Cette citation revient deux fois et serait une citation de Patrick Lagrange, un français (que j’ai cherché et n’ai pas trouvé sur wikipédia).
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En conclusion : Un livre très intéressant où faux semblants et vraies digressions nous éclairent (très partiellement) sur la complexité de quatre personnages : Tony, Véronica, Adrian et la mère de Véronica.)
Merci Noctenbule pour ce livre 😉 Son avis ici
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Challenge à tout prix chez Asphodèle : Man Booker Prize 2011
Challenge « lire sous la contrainte » chez Philippe. La contrainte est « pronom relatif ».
Je ne connais pas ce livre. D’après ce que tu en dis, il semble intéressant.
Merci pour ta participation à mon challenge et bonne fin de weekend.
Coucou Philippe 🙂
Un livre où il y a énormément de questionnements (et pas beaucoup de réponses)
Cela peut plaire ou déplaire. Moi, cela m’a beaucoup plu 🙂
Bonne semaine
Coucou Valentyne, ma lectrice québécoise favorite 😉
J’ai vu ce livre passer souvent sur les blogs et je l’ai même noté, moi qui me refuse à la PAL. Il est noté avec une dizaine d’autres, au plus. Tu me donnes le goût!
Bisous
Bonjour Nadine 🙂
J’espère qu’il te plaira alors 🙂
« Québec en septembre » est fini et je vais donc moins lire québécois , mais bientôt je parlerais du roman « le ciel de Bay city » de Catherine Mavrikakis (née à Chicago mais qui vit au Québec ) . Enfin bientôt … Plutôt en novembre 🙂
Bises et bonne journée 🙂
J’avais vraiment beaucoup aimé ce livre, offert par la Douce et qui m’avait ému et troublé. Je pense l’avoir chroniqué à l’époque…
Coucou Mind 🙂
J’ai recherché sur ton blog et j’ai trouvé un billet où tu cites ce livre effectivement 🙂 je ne me rappelais plus ton billet , j’ai noté ce roman à ce moment (en même temps qu’un livre de Simonetta Greggio)
Le plus « étrange » est que je me suis demandée si je te l’envoyais car l’auteur dédie ce livre à Pat 🙂
Bisesss
Ce n’était pas moi…bouh !!
Si un jour j’écris un livre, promis, je te le dédicace 🙂
Bonne soirée 🙂
j’ai adoré ce bouquin, j’aime Julian Barnes je crois… je te conseille aussi Quand tout est déjà arrivé, un ouvrage merveilleux et déchirant 🙂
Coucou Yueyin 🙂
Merci pour ta suggestion 🙂 je note, je note 🙂
Malheureusement je note plus vite que je ne lis (lol)
Bonne journée 🙂
C’est rigolo, je l’ai offert cet été à une amie, j’attendais qu’elle le lise pour avoir son avis, j’ai le tien déjà et éventuellement elle me le prêtera !!! 😉
Coucou Aspho 😉
Je te l’envoie volontiers 🙂
Tu me dis….
Bises et bon dimanche 🙂
Non non Val, pas pour l’instant ! Si Somaja le lit dans l’année, elle me l’amènera en juillet prochain avec sa charriotte !!! 😆 Elle m’en a laissé une dizaine que je n’ai pas encore ouverts !!! 😆
Recoucou Asphodèle 🙂
Je vois que chez toi aussi les livres s’empilent 🙂
Bisessss
C’est rien de le dire, faut le voir !!! Et vivre avec…pourtant j’en donne !!! 😉 Tiens d’ailleurs je te maile pour te proposer un livre que tu as gagné au tirage au sort (tu étais dans les tirées au sort mais je te laisse le choix du livre)… gROS BISOUS♥
Coucou Aspho 🙂
J’en donne pas mal aussi mais les brocantes remplissent vite les étagères 🙂
Chouette pour le tirage au sort 🙂
Je guette ton mail
Bises et bonne semaine 🙂
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