Texas 1895 – Klara Vaclav meurt en mettant Karel au monde. Son mari se retrouve seul pour élever le nouveau né et ses trois frères (le plus grand a à peine 5 ans).
C’est un père très dur qui élève ses fils à la baguette et à la ceinture. Il les force à travailler comme bêtes de somme, en tirant une charrue pour labourer les champs, leur déformant à chacun leur cou, définitivement. A dix ans, Karel développe des qualités de cavalier et remporte de nombreuses courses de chevaux (pas toujours de façon fair-play cependant)
Lorsqu’il atteint quinze ans, un mexicain nouvellement arrivé dans la région le met au défi de gagner une course contre une de ses trois filles, elle aussi cavalière émérite. Cette course va changer la vie de Karel et de ses frères.
Un livre envoûtant où les grands espaces ont toute leur place mais pas seulement : une analyse très fine des rapports père- fils et aussi entre les quatre frères (amour, haine, révolte, désillusions et espoirs…).
J’ai aimé suivre Karel dans cette histoire qui le montre à sa naissance, à quinze ans, à trois ans et à l’âge adulte au moment où il accueille son premier fils (il a déjà deux petites filles avec son épouse). De nombreux aller-retours entre passé et présent font de cet homme, à la fois dur et aimant, un portrait magnifique.
Un livre très apprécié et pas seulement pour amateur de chevaux. C’est le billet d’Eeguab ici qui m’a incité à prendre ce livre à la bibli.
Ici le billet de Lili Galipette
Un extrait (page 33):
Les chevaux se cabrèrent et bondirent en avant tandis que la fumée du revolver de Lad s’élevait en tourbillonnant dans les airs, comme un fantôme égaré, jusqu’aux arbres qui bordaient la rivière. Les garçons ne tardèrent pas à se lever sur leurs étriers, et quand ils poussèrent leurs montures à prendre de la vitesse, alors que dans un tournoiement de mottes de terre, ils passaient devant la rangée d’hommes enthousiastes et entre les deux brasiers avant de s’enfoncer dans a nuit, chacun put voir que le petit Karel, alors âgé de onze ans, donnait de la cravache comme un forcené.
Karel montait mieux que ses frères aînés depuis l’âge de neuf ans, et quand son père se vantait d’un de ses fils – ce qui arrivait rarement, et seulement sous l’emprise de l’alcool et en l’absence des intéressés-, il répétait toujours la même chose à son sujet, de sa voix traînante : « Mon dernier, les gars, je vous jure qu’il serait capable de vous faire voler un âne à coup de cravache ! »
La vérité, Karel la savait même s’il n’était pas capable de la mettre en mots, c’était que le cheval désirait la cravache exactement comme lui appelait de ses voeux la lanière de cuir de Vaclav, la morsure cuisante et nette d’une attention sans partage, le seul contact physique qu’il ait connu avec son père.
Le corps ramassé juste au- dessus de la selle, il s’étonnait comme toujours de voir que, plus le cheval allait vite, plus son mouvement devenait fluide. Des années plus tard, il retrouverait la même impression dans l’amour extrême, la confusion et la convergence de violence et de tendresse, mais ce soir là, il ne ressentait que l’excitation nerveuse liée à la vitesse, le bouillonnement brûlant de peur et de joie qu’on n’éprouve que dans ce genre d’abandon : il galopait pour remporter la mise sur les terres d’un autre, galopait pour ce père qui avait refusé de le prendre dans ses bras le jour de sa naissance – pas plus d’ailleurs qu’aucun autre jour par la suite-, galopait à travers des ténèbres que son regard éclairait peu à peu en s’y accoutumant ; et tandis qu’il abattait de temps en temps sa cravache sur la croupe de sa monture, il surveillait Billy Dalton du coin de l’oeil, s’assurant qu’il ne perdait pas de terrain et qu’il le laissait sur son flanc extérieur tandis qu’ils approchaient du petit bosquet de chênes autour duquel il faudrait prendre leur virage avant de partir vers les brasiers et leurs pères campés sur la ligne d’arrivée.
Challenge américain chez Noctenbule
Bonjour Val. Bien de ton avis, je suis content que cette chevauchée t’ait plu. Et merci pour le lien. A bientôt.
Bonjour Edualc 🙂
J’ai été comme happée par ce livre 🙂
Bisesss
Ah, quel roman !! Merci pour cette nouvelle participation au challenge Totem !
On est sur la même longueur d’onde 🙂
Tiens, j’en ai lu une chronique récemment dans le cadre du challenge américain mais je ne sais plus où, c’est malin. En tout cas, tu achèves de me convaincre. Cette atmosphère âpre et poussiéreuse dans l’Amérique profonde a tout pour me plaire !
Un livre à l’analyse psychologique très fine … En plus des grands espaces 🙂
Bonne journée Lili 🙂
Houla j le passe mon tour…
Coucou Mind ,
On ne peut pas être tenté par tous les sujets ( pour ma part l’auteur m’a convaincue)
Bises
Un livre à noter. J’avais lu une très bonne critique dans « le monde des livres »
Une bonne critique méritée 🙂
Bonne journée Denis 🙂
Ping : Le mois de d’avril | 22h05 rue des Dames
Je viens de le terminer, et j’ai aimé moi aussi.
Ça sent la luzerne et le crottin, mais il y flotte aussi un puissant parfum d’aventure, malgré l’atmosphère plutôt sombre qui y règne…
Oui , sombre et je me suis dit que cela pouvait déraper à tout moment …. Et aussi très fin dans l’analyse …
Bonne journée Ingannmic 🙂
Pour moi il manquait quelque chose à ce roman pour l’apprécier vraiment … ou bien peut-être n’etait-ce pas le bon moment pour moi !
C’est parfois dire de dire ce qui plait ou déplaît dans un livre (ou la petite chose qui manque parfois….) Le moment est important aussi….
j’aime beaucoup ton avatar, Malika 😉
Ping : Bilan de la première année | 22h05 rue des Dames