Après avoir lu et apprécié « Lointain souvenir de la peau » et « De beaux lendemains », j’ai choisi à la bibliothèque ce livre de Russel Banks. J’en attendais peut être trop, ayant été charmée par le style et les deux précédentes histoires. J’ai donc été un petit peu déçue par ce roman qui, sans mauvais jeu de mots, a été un peu long à décoller. Sans mauvais jeu de mots parce qu’un des personnages principaux, Jordan, est pilote d’un hydravion !
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1936, Aux Etats-Unis – Jordan Groves est marié à Alicia, avec qui il élève deux enfants. Il vit avec sa famille dans la « réserve » des Adirondacks (un cadre fabuleux bien retranscrit où se côtoient des familles de la haute bourgeoisie avec de petits propriétaires terriens ruinés par la récession). Jordan essaie de résister au charme de la vénéneuse Vanessa Cole, inquiétante et manipulatrice, à la fois victime et bourreau.
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Je n’ai que moyennement adhéré à l’histoire mais le contexte historique m’a paru très bien rendu. Les Etats- Unis en pleine récession dans les années trente, les gens au chômage, les rumeurs de guerre en Europe, la montée du nazisme et la guerre en Espagne qui, elle fait rage, m’ont beaucoup intéressée. En particulier le zeppelin que l’on retrouve tout au long du roman :
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Il n’existait que deux de ces aérostats gargantuesques : le Graf Zeppelin qui se cantonnait à des lignes européennes et sud-américaines, et le Hindenburg qui traversait l’Atlantique, allant de Francfort à Lakehurst dans le New Jersey en passant par Montréal. Depuis des mois, Jordan espérait l’apercevoir, mais jusqu’à présent, chaque fois que le Hindenburg était passé dans la région, il en avait été averti trop tard – plusieurs jours après – par le journal local ou par un voisin qui avait eu la chance de se trouver au bord du lac Champlain lorsque le grand dirigeable avait fendu le ciel bleu des Adirondacks. Il était tout excité d’enfin l’avoir devant les yeux ; quelle chance se disait-il, de voir ce sacré machin depuis les airs !
Le dirigeable était gigantesque, d’une longueur d’environ deux cent quarante mètres, et il avait la forme d’une énorme bombe. Jordan se rappela avoir lu que son diamètre était de quarante mètres. Malgré sa taille prodigieuse et sa vitesse que Jordan estima à cent trente kilomètres-heure, il avait une façon implacable de se déplacer dans les airs, et pour Jordan paraissait plus animal que mécanique, plus proche d’une créature vivante venue d’un autre âge que d’une machine volante fabriquée par l’homme du XXème siècle. D’autres caractéristiques lui revinrent en mémoire : il était mû par quatre énormes moteurs Mercedes-Benz de 1200 chevaux, et il fallait deux cent mille mètres cubes d’hydrogène pour le remplir. Il était équipé de salles à manger de style, de salons, de cabines de luxe, de promenoirs et même d’un fumoir qui, tous, étaient situés à l’intérieur de la coque brillante et non dans une nacelle extérieure comme dans les dirigeables conventionnels. Jordan connaissait aussi un peu de son histoire : la société Zeppelin, menacée de faillite, avait accepté l’appui financier du parti nazi. Les Etats-Unis étaient le seul pays au monde en mesure de fournir de manière stable un hélium non inflammable, mais le Congrès légèrement inquiet de la montée des nazis avait interdit la vente d’hélium aux Allemands. La société Zeppelin avait donc dû remplir ses dirigeables d’hydrogène. Il avait lu qu’on avait ignifugé le Hindenburg, mais l’hydrogène restait malgré tout inflammable, ce qui d’une certaine manière, ne faisait que rendre l’aérostat plus dangereusement attirant encore aux yeux de Jordan, plus semblable encore à une créature vivante.;
En conclusion : j’ai été un peu déçue sans savoir si cela tient dans le livre en lui-même ou dans mes attentes trop élevées.
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Le billet de Gwenaëlle
Une LC organisée par Noctenbule dans le cadre du mois américain