Dans ce roman, Paul Schwarz nous emmène, la caméra sur l’épaule pour suivre trois destins qui s’entremêlent, se croisent, se rejoignent pour mieux s’éloigner. Le premier est celui de Milo, son ami et amant. On n’entendra pas la voix de Milo car celui-ci est sur un lit d’hôpital, inconscient, en train de mourir du sida. Mais à la fin de ce roman , j’avais l’impression de connaître l’essentiel de la vie de Milo. Et j’ai admiré ce petit garçon puis cet homme. Il est le fils de Awinita une indienne du Québec et de Declan Noirlac, fils d’un émigré irlandais, Neil Kerrigan. C’est ce Neil Kerrigan, admirateur de Joyce et de Yeats, la troisième voix du roman.
Le lecteur suit donc de façon semi-chronologique trois destins en parrallèle :
Neil, le grand père de Milo, évoque son Irlande natale en 1918 puis son émigration au Québec du fait de l’oppression britannique, il change de nom pour prendre un nouveau départ. C’est un homme qui aurait voulu être écrivain et qui se retrouve père de famille nombreuse.
Awinita, est la mère de Milo en 1951, juste avant la naissance de celui ci. Nancy Huston dresse un portrait de femme émouvant, qui essaie désespérément de se sortir de sa condition d’indienne miséreuse.
Et enfin Milo qui battu, maltraité, de foyer en foyer, finira par se trouver une famille, et une passion, il sera sauvé à la fois par son grand père, Neil, et par la danse brésilienne ou capoeira, par l’écriture aussi.
Il s’agit donc de suivre trois personnages à trois époques très différentes, en Irlande dans les années 1910, au Québec au début des années 50 et enfin de nos jours aux USA et Brésil. Le contexte historique est également bien retranscrit.
C’est un livre remarquable, où le rythme de la danse entraîne le lecteur pas à pas. Il est à la fois tendre, triste et plein d’espoir. Et la voix off de Paul Schwarz, sur ce que fut la vie de Milo, d’Awinita et de Neil y est pour beaucoup.
Ce roman a été écrit par une romancière et cinéaste Nancy Huston que je n’avais jamais lue (Elle est canadienne, vit à Paris depuis de nombreuses années). J’ai eu maintes fois l’impression de visionner le futur film. (que j’aimerais voir s’il sort un jour)
Un petit extrait (page 157) sur le départ de Neil pour le Québec
A Liverpool, se servant de l’argent et des connexions de son père pour, il l’espère, la dernière fois, Neil se fait faire de faux papiers.
– Neil Noirlac, dit il au propriétaire de l’imprimerie clandestine.
– Un nom français que vous voulez , c’est ça pour aller vivre au Canada français?
– Exactement. Je me suis contenté de prendre le nom de ma ville natale et de l’exagérer un peu. Dublin en gaélique c’est étang sombre, alors que Noirlac en français signifie Lac Noir.
– Ah, je vois . Un peu comme si on prenait Liverpool et qu’on le gonflait jusqu’à ce qu’il devienne Cirrhoselac?
Merci à Price Minister pour ce livre qui m’a enchanté
Comme le principe de ces matchs de la rentrée littéraire est de mettre une note, je mets 18/20 (j’ai mis 4 étoiles sur Babelio)
Ce livre a failli être un coup de coeur et rate le 5 étoiles de peu, plus de mon fait d’ailleurs que du livre en lui même. En effet il y a de nombreux passages en anglais (qui sont traduits en bas de pages) mais cela a un peu gênée dans ma lecture.
Ce livre peut s’inscrire dans le challenge francophone de Denis