Chevaux échappés – Mishima

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Japon 1932 – Isao Iinuma est un jeune homme d’un peu moins de vingt ans. Etudiant, athlète accompli, il est idéaliste et admiratif devant un livre de Tsunamori Yamao qui traite d’un mouvement politique « Société du vent divin ». Ce livre retrace le parcours de samouraïs au XIX ème siècle qui décident d’assassiner des hommes corrompus puis de se donner la mort par Seppuku (suicide par éventration). Isao, à l’aide de ses amis, veut renouveler l’ « exploit  » relaté dans ce livre et faire disparaître les dix hommes les plus corrompus du Japon, puis se sacrifier comme leurs modèles.

Deuxième tome de la tétralogie la Mer de la fertilité, on retrouve quelques personnages du premier tome en particulier Honda, l’ami de Kiyoaki – le héros du premier tome- et Iinuma, qui est le père d’Isao et l’ancien précepteur de Kiyoaki. Honda, qui est devenu un juge respecté, reconnaît en Isao la réincarnation de son ami Kiyoaki. Il décide alors de le suivre puis de l’aider.

J’ai failli abandonner ce livre car le début est très lent et pour tout dire morbide (particulièrement les 50 pages retranscrites de ce livre « Société du vent divin » qui n’est qu’attaques, morts violentes et suicides).

Je n’ai pas adhéré ni aux convictions nationalistes de Isao, ni dans sa vision du suicide magnifié au rang de sacrifice.

Cependant après ce démarrage plus que difficile, l’histoire m’a fortement intéressée, les préparatifs des attentats, l’arrestation, le procès, qui est absolument passionnant. Qui a trahi ? quels sont les sentiments très ambigus de tous les personnages et en particuliers ceux de Makiko, la presque fiancée de Isao ? du père d’Isao , de Honda qui abandonne son travail pour défendre Isao ?

Un petit extrait :

Isao et ses deux amis restèrent chez le lieutenant Hori jusqu’à neuf heures du soir, ce dernier leur ayant offert un dîner apporté par un traiteur. Une fois qu’il avait laissé de côté ses questions subtiles, la conversation de l’officier devenait à la fois intéressante et profitable, très propre à éveiller leur enthousiasme. L’état pitoyable des affaires étrangères, le programme économique du gouvernement qui ne faisait rien pour atténuer la misère des campagnes, la corruption des politiciens, la montée du communisme, et aussi, les partis politiques qui avaient diminués de moitié le nombre de divisions de l’armée et qui, en se faisant les champions des économies sur l’armement, exerçaient une pression constante sur les militaires. Au cours de cet entretien, on évoqua les efforts du Zaibatsu Shinkawa pour acheter des dollars américains, chose dont Isao avait déjà entendu parler à son père. Selon le lieutenant, le groupe Skinkawa avait fait montre d’une grande réserve depuis l’Incident du Quinze Mai. Cependant continua l’officier, il n’y avait aucune raison de faire confiance à l’autodiscipline de ces gens-là. (p 146)

En conclusion : Un livre très pointu sur cette période d’histoire du Japon. J’ai arrêté plusieurs fois ma lecture pour aller voir quels étaient les évènements cités. Pour plus de renseignement sur l’incident du 15 Mai qui est cité à de nombreuses reprises, allez lire l’article Wikipédia).  Un livre à ne pas mettre entre toutes les mains, Isao étant pour ma part, mystique (pour ne pas dire fou). Mais je ne regrette pourtant pas cette lecture car les 150 dernières pages m’ont happée par leur analyse fine des sentiments et motivations humaines.

Livre Lu dans le cadre du challenge Japon d’Adalana et aussi dans le cadre du challenge pavé de l’été de Brize (Neige de printemps est le premier volume d’une tétralogie, le tome 2 s’intitule « Chevaux échappés » (ce billet),  le tome 3 a pour titre  « Le temps de l’aube » et le tome 4 « l’ange en décomposition »). Les deux premiers tomes font 400 pages chacun 😉

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Et bien sûr le challenge Totem de Liligalipette 🙂

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Et celui de Sharon « Animaux du monde »

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16 réflexions au sujet de « Chevaux échappés – Mishima »

  1. Malgré la violence, j’ai toujours aimé cette période où les samouraïs avaient un code de l’honneur à la limite de la folie, même si le seppukku ne me fait pas rêver, il faut avouer que ces samouraïs ont aussi accompli des choses magnifiques ! Je le note mais j’ai déjà beaucoup lu sur cette période pendant mes études ! 😉

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