Les fourmis – Boris Vian

fourmisLecture commune avec Noctenbule, l’oeil qui fume  et Rosemonde (lien à venir)

Petite déception avec ce recueil de nouvelles de Boris Vian. Les nouvelles m’ont semblé d’intérêt très inégal. De bonnes trouvailles au niveau du style mais j’ai eu beaucoup de mal à me concentrer sur la lecture et les personnages.

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La première nouvelle m’a beaucoup plu. « Les fourmis » est le titre de cette nouvelle. Le narrateur est un jeune soldat qui combat sur une plage (de Normandie?). Boris Vian arrive à raconter les horreurs de la guerre sur un ton désinvolte et ironique. Tout le monde meurt autour de ce jeune homme, les uns déchiquetés par les obus, les autres criblés de balles et cependant le style m’a fait sourire plusieurs fois. « On est de plus en plus encerclés, ça nous dégringole dessus sans arrêt. Heureusement, le temps commence à se dégager, il ne pleut guère que neuf heures sur douze, d’ci un mois, on peut compte sur du renfort par avion. Il nous reste trois jours de vivres. » (p 16)

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Une autre nouvelle m’a également plu ‘La route déserte » : des scènes très visuelles et un humour très noir (voir macabre) dont voici un extrait  » Un jeune homme allait se marier. Il terminait ses études de marbrier funéraire et en tous genres. Il était de bonne famille, son père dirigeait la section K des Chaudières Tubulères et sa mère pesait soixante sept kilos. Ils vivaient au numéro 15, rue des Deux-frères, le papier de la salle à manger, malheureusement n’avait pas changé depuis 1926 et représentait des oranges sur un fond bleu de prusse, ce qui est laid. De nos jours on n’aurait rien mis et ceci sur un fond de couleur différente, plus claire par exemple. Il s’appelait Fidèle, et son père Juste. Sa mère aussi avait un nom. Comme tous les soirs, il pris le métro pour se rendre à son cours, une pierre tombale sous le bras et ses outils dans une petite valise. A cause de la pierre, il se payait des couchettes afin d’éviter les remarques souvent acides, et pouvant abîmer le grain poli du calcaire, que l’on s’attire dans les voitures ordinaires, à voyager très chargé « (p 77).

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Conclusion : onze nouvelles mais seulement deux qui m’ont plut (pour les autres je dois diRe m’être un peu ennuyée). Cependant c’est toujours un auteur intéressant à lire car au détour d’un paragraphe , on tombe parfois sur une pure merveille comme cet extrait : « Il se réveilla en sursaut. L’aspirine l’avait fait transpiriner : comme en vertu du principe d’Archimerdre, il avait perdu un poids égal à celui du volume de sueur déplacé, son corps s’était soulevé au- dessus du matelas, entraînant les draps et les couvertures, et le courant d’air ainsi produit ridait la mare de sueur dans laquelle il flottait ; de petites vagues clapotaient sur ses hanches. Il retira la bonde de son matelas et la sueur se déversa dans le sommier. Son corps descendit lentement et reposa de nouveau sur le drap qui fumait comme un cheval-vapeur. La sueur laissait un dépôt gluant sur lequel il glissait dans ses efforts pour se relever et s’accoter à l’oreiller spongieux. (p 56) »

Livre lu dans le cadre du challenge Vian chez Oeil qui fume

challenge VIAN