Trond Sander, 70 ans, vit isolé dans un village de Norvège. Il raconte…. par bribes..pêle-mêle : Ce qu’il a vécu quand il avait 15 ans en 1948… ses relations avec son père… sa découverte de la réalité de la vie des adultes…. les drames de l’existence…l’immédiate après guerre en Norvège, sa vie de vieil homme dans un bourg isolé.
Avec son ami Jon, lui aussi 15 ans, leur jeu est de « voler des chevaux » à leur voisin. Voler des chevaux est un bien grand mot, il s’agit « juste » de les monter à cru dans le pré …et de se prendre pour des cow-boys…
Avec une écriture très fluide, très proche de la nature, Per Petterson nous emmène entre adolescence, âge adulte et réflexions sur la vie (et la fin de vie).
Trond Sander, est veuf, il a une fille à qui il parle peu… on sent tout la difficulté à communiquer. Ce livre est l’histoire de l’été de ses quinze ans où il est passé de l’enfance à l’âge adulte….A 70 ans, on le sent serein, il savoure ses dernières années et en profite pour se remémorer les instants heureux et malheureux de sa vie, de celle de son père, de Jon et de sa famille.
J’ai trouvé la description de ses relations avec son père très juste et très intéressante. Grâce à un voisin, Trond apprend que son père s’est engagé dans la résistance pendant la guerre et que « voler des chevaux » avait un autre sens pour lui. Son regard d’adolescent observe et ne comprend pas la vie des adultes. Il est tour à tour vif, révolté, effondré, amoureux….
La nature sauvage a une très belle part dans ce livre.
En conclusion : un livre que je recommande fortement.
Deux extraits :
Début novembre. Il est neuf heures. Les mésanges viennent se cogner à la fenêtre. Un peu assommées, il leur arrive de reprendre leur vol, mais parfois elles tombent et se débattent un moment dans la neige fraîche avant de retrouver l’usage de leurs ailes.(Incipit)
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Jon et moi avions fini de traverser le pré.. Nous marchions sur la route, et nous avions beau connaître le chemin comme notre poche, tout nous paraissait différent. Nous allions voler des chevaux, et ça se voyait. Nous étions des criminels. ça transforme les gens, ça change quelque chose dans leur regard et dans leur façon de marcher c’est inévitable. Et voler des chevaux, c’était ce qu’il y avait de pire. Nous connaissions les lois qui régnaient à l’ouest de Pecos, nous dévorions les illustrés et leurs histoires de cow-boys. Et même si en réalité nous étions si loin à l’est de Pecos qu’on pouvait aussi bien dire le contraire ; ça dépend dans quel sens on regarde le monde. Et ces lois étaient sans pitié. Si tu étais pris, on t’attachait à une branche d’arbre, une corde autour du cou ; du chanvre grossier contre ta peau douce. Puis quelqu’un donnait une tape sur le cul du cheval et tu courais dans le vide comme s’il y allait de ta vie. (p 35)
L’avis d’Eeguab est ici.
Livre lu dans le cadre de plusieurs challenges 😉
« Jacques a dit » de Métaphore : « doubles initiales »
Challenge Totem de Liligalipette
Challenge lire sous la contrainte de Philippe avec la contrainte « Phrase négative »
Le titre devra donc comporter une négation c’est-à-dire, normalement le petit mot « ne » suivi de « pas, rien, jamais, plus » ou précédé de « personne, rien, nul« .
Challenge « animaux du monde » de Sharon
Challenge « tour du monde » d’Helran pour la Norvège
Et enfin challenge à tout prix de Laure
‘Pas facile de voler des chevaux’ a obtenu le prix littéraire européen Madeleine Zepter le 7 décembre 2006.